Juriste d'entreprise

Juriste d'entreprise

Témoignage Mme Florence GRACIA GIL, responsable juridique CONDAT S.A.S.

1. Comment définiriez-vous votre métier ?

Le juriste est le garant de la sécurité juridique de l'entreprise. Il participe à l'élaboration des grands projets en analysant les avantages et inconvénients juridiques de chaque décision (choix de la forme juridique de la société, type de contrats ...), il conseille et accompagne ses « clients internes » dans leur quotidien (négociation et rédaction de contrats ...) et joue le rôle d’un « facilitateur » en conciliant le droit et les besoins opérationnels de l'entreprise.

2. Quel a été votre parcours universitaire pour devenir juriste d’entreprise ?

J’ai suivi une maîtrise de droit des affaires à l'université de Toulouse puis j’ai obtenu un DESS Droit de la distribution, de la concurrence et de la consommation à l'université du Mans.

3. Décrivez-nous une journée de travail ?

Ma journée type commence vers 8h30 : dès mon arrivée au bureau, je consulte mes messages afin de prendre connaissance des nouveaux dossiers à traiter, puis je m’informe en lisant le Journal Officiel et les sommaires des autres revues juridiques reçues. Je mets de côté les articles concernant l'activité de l'entreprise pour une lecture plus approfondie.

En fonction de l'actualité de l'entreprise, je m’attèle ensuite au traitement des dossiers juridiques : 
- études ou rédaction de contrats : échanges avec mon « client » interne pour évoquer les modifications et les points d'attention à valider (durée, condition de reconduction, responsabilité ...) ;

- participation à des réunions de négociation avec les services opérationnels de l'entreprise : achats, techniques, investissements, production, commercial et logistique ;

- gestion des dossiers sinistres : chiffrage du préjudice, relance du tiers responsable pour indemnisation, collecte des éléments du dossier, participation aux réunions d'expertise et élaboration de la transaction ;

- suivi des dossiers de contentieux judiciaires : étude des conclusions de notre avocat, collecte d’informations et information interne sur le suivi des dossiers ;

- étude des offres d'assurances émises par le courtier afin de vérifier qu'elles sont adaptées à nos besoins, préparation et participation aux visites annuelles des assureurs venant vérifier le niveau de protection et de sécurité de nos installations, collecte et envoi des éléments déclaratifs demandés par l'assureur (masse salariale, nombre d'employés, nouveau véhicule à assurer, nombre de Km parcourus ...) et élaboration du budget pour l'année suivante ;

- déclaration et paiement des taxes et impôts pour la partie Fiscalité ; 
- préparation des décisions de l'associé unique pour l'approbation des comptes annuels ou pour d'autres sujets plus ponctuels ; 
- reporting : mise à jour des tableaux des contrats signés par la société, de l'actionnariat de toutes les sociétés du groupe, des agents commerciaux, des marques de fabrique, des contrats d'assurances ...

Je quitte généralement le bureau vers 19h00 après une journée bien remplie !

4. Quelles sont les perspectives d’évolution de votre métier ?

Le juriste d'entreprise peut évoluer vers des fonctions de directeur juridique et assurer le management d'une équipe, ou briguer le poste de Secrétaire Général au sein de grandes entreprises. Il peut également rejoindre un cabinet d'avocats, notamment s'il est spécialisé dans un domaine très spécifique : les réglementations de certains secteurs, comme ceux de l'énergie ou des nouvelles technologies, s'apprennent mieux au contact des opérationnels qu'à l'université. 

Enfin, si le juriste a eu l’opportunité de gérer les assurances dans son poste, il peut s’orienter vers ce secteur.

5. Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer votre métier ?

Il faut tout d’abord avoir de bonnes capacités d’analyse et être précis pour maîtriser le sujet confié et donner un avis éclairé.
Afin d’adapter le droit aux besoins très concrets de l'entreprise, il faut également posséder un bon sens pratique. Pour cela, il faut savoir faire preuve d'abstraction et d’adaptation, car il est souvent nécessaire de composer, arbitrer et faire des concessions si on ne veut pas bloquer l'activité de l'entreprise. Les clauses les plus parfaites ne mènent à rien si votre fournisseur refuse de les signer…

Le relationnel et le goût du contact sont aussi très importants : le juriste d'entreprise est au service des autres (« client interne » ou « client externe ») dans le but commun de sécuriser l'activité de son entreprise. Faciliter les bonnes relations avec ses collègues les incitent à faire facilement appel à nous, ce qui permet de garder le « contrôle » sur les activités et dossiers. Il faut garder en tête qu’un contrat non validé par le service juridique peut contenir des clauses exorbitantes pour l'entreprise (durée trop longue, clause de révision de prix excessive, limitation ou aggravation de responsabilité...)

Enfin, il est nécessaire d’avoir le sens des responsabilités et de savoir faire preuve d'une certaine autorité pour affirmer sa position. En effet, les clauses que l’on souhaite insérer au contrat peuvent poser problème à certains services, par exemple à la direction Achats qui peut vouloir proposer des délais de paiement plus longs mais non conformes aux dispositions légales du code de commerce.

6. Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ?

J’apprécie beaucoup la diversité des dossiers à traiter : contrats de toute nature, contentieux amiable ou judiciaire, préparation des décisions des organes de direction, opérations de financement, d'acquisitions ou de cession de société… Je trouve enrichissant d’intervenir dans plusieurs domaines : environnement, sécurité, propriété intellectuelle, assurances...

L’évolution constante de la réglementation nous oblige constamment à rester en alerte, à faire des analyses de textes et à les adapter à notre environnement !

J’aime aussi être en contact direct avec les différents services de l'entreprise (opérationnels, supports, achat, commercial ou technique), ainsi qu’avec les partenaires extérieurs (avocats, courtiers en assurances, compagnies d'assurances, experts en règlement de sinistres, notaires, fournisseurs, clients ...).

7. Et enfin, quel(s) conseil(s) prodigueriez-vous aux jeunes étudiants qui souhaiteraient suivre votre voie professionnelle ?

Je leur conseillerais de suivre cette voie car c'est un métier passionnant qui offre beaucoup de diversité dans les tâches confiées, ainsi que des opportunités de spécialisation dans plusieurs branches du droit : environnement, affaires, RH, fiscalité…

Le développement des réglementations et la multitude des textes parus au cours de ces 20 dernières années ne font que renforcer le développement de la fonction juridique, notamment au sein des entreprises.