Diplomate - Directeur adjoint des affaires juridiques du Quai d’Orsay

Diplomate - Directeur adjoint des affaires juridiques du Quai d’Orsay

Témoignage de M. Pierre Boussaroque, Diplomate - Directeur adjoint des affaires juridiques du Quai d’Orsay

Comment définiriez-vous votre métier ?

Il y a en réalité plusieurs métiers au sein de la direction juridique du Quai d’Orsay. Les fonctions varient selon le domaine juridique.
En matière de droit international public, nous agissons essentiellement comme conseils juridiques des négociateurs de résolution au conseil de sécurité des Nations-Unies ou
d’accords internationaux. En matière de droit de l’Union européenne et de droits de l’homme, la partie contentieuse de notre activité est particulièrement importante, même
si nous intervenons également en tant que conseils aux négociateurs. Dans le domaine du droit de la mer, nous sommes des négociateurs à part entière, en particulier dans le
cadre des délimitations maritimes. La direction juridique est également chargée de suivre la procédure qui conduit à l’entrée en vigueur des accords internationaux. D’une
façon plus générale, mon métier est à la fois, sous l’autorité du directeur, de gérer une équipe d’une cinquantaine de personnes, de veiller à la cohérence des positions
juridiques françaises et de trouver des solutions de droit pour la mise en oeuvre desoptions diplomatiques choisies par nos autorités.

Quel a été votre parcours universitaire et professionnel ?
Après des études de droit public à l’Université de Paris 2, j’ai passé le concours d’attaché d’administration centrale qui m’a conduit au Conseil d’État. Je suis ensuite devenu
conseiller de tribunal administratif par la voie du concours de recrutement spécial. Plus tard, j’ai alterné des périodes en administration centrale (direction des affaires
juridiques du Quai d’Orsay, secrétariat général du Gouvernement, direction des libertés publiques du ministère de l’Intérieur) avec des passages en cabinet ministériel (au
ministère de la justice et aux affaires étrangères).

Décrivez-nous une journée de travail ?
Les journées de travail s’étendent en principe de 9h00 à 20h00. Les occupations se caractérisent par leur variété : lecture de la correspondance diplomatique et des
commandes adressées à la direction, travail en équipe sur les projets de notes et de mémoires et révision de ces projets, réunions internes ou interministérielles, rédaction
de correspondances, traitement de questions de gestion (personnel, crédits).
Les journées sont évidemment très différentes dans le cadre des missions à l’étranger qui reviennent à un rythme relativement régulier.

Quelles sont les perspectives d’évolution de votre métier ?
Étant aujourd’hui membre du corps diplomatique, j’ai vocation à occuper d’autres postes d’encadrement, à l’étranger ou à l’administration centrale du ministère des
affaires étrangères.

Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer votre métier ?
Certaines qualités sont de l’ordre de la technique : maîtriser la technique du droit pour assurer la qualité juridique des productions de la direction ou l’anglais en vue des
réunions internationales. Certaines qualités sont davantage d’ordre personnel ou de l’ordre de l’expérience : aptitude à créer une ambiance motivante pour l’équipe de la
direction ou capacité à fournir à ceux qui consultent la direction juridique une information utile et accessible, y compris à un non juriste (ce qui requiert le sens de la
synthèse et une capacité à s’exprimer avec clarté et concision).

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ?
L’aspect le plus passionnant de l’activité de la direction juridique tient, d’une part, au lien qu’elle entretient avec l’actualité du moment (l’Irak, la Syrie, le changement
climatique, la protection des données personnelles) et, d’autre part, à la contribution qu’elle apporte à la réflexion sur les fondements de notre action diplomatique (la paix et
la sécurité, les conditions du recours à la force, l’équilibre entre les droits individuels et les enjeux collectifs notamment).

Et enfin, quel(s) conseil(s) prodigueriez-vous aux jeunes étudiants qui souhaiteraient suivre votre voie professionnelle ?
Pour qui veut faire une carrière de juriste dans l’administration, les concours administratifs sont bien sûr une voie incontournable. Ils peuvent être plus ou moins
spécialisés. Ceux qui le sont le plus - comme le concours de conseiller de tribunal administratif – ont, me semble-t-il, l’avantage d’être un peu moins aléatoires que les
concours à vocation généraliste. Une fois dans l’administration, la spécialité juridique a le mérite d’être relativement rare. Les postes auxquels on accède en partant d’une
formation de juriste sont très variés et leur enchainement dépend d’opportunités qu’il faut savoir saisir. A différentes reprises, j’ai eu la chance de pouvoir apprendre mon
métier en travaillant sous la direction de juristes de premier plan, souvent issus du Conseil d’État, et ce fut déterminant. Pour le reste, cette voie est à recommander à ceux
qui préfèrent les satisfactions intellectuelles aux avantages financiers. Il y a là un choix très personnel.