Interdiction du film « Antichrist » au moins de 18 ans
Arrêt du Conseil d’Etat, 13 janvier 2017, n° 397819
► Faits :
Rappelez-vous... Présenté en compétition à Cannes en 2009, le film « Antichrist » de Lars von Trier (sortie en 2009) avait suscité de nombreuses réactions. Des scènes crues, explicites, présentant une image dégradante de la sexualité, avaient grandement fait réagir l'opinion publique. Il présente un couple en crise - interprété par Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe - qui se retire à " Eden ", un chalet isolé dans la forêt, où ils espèrent guérir leurs coeurs et sauver leur mariage.
► Procédure :
● Par une décision du 3 août 2012, la ministre de la culture et de la communication a accordé au film « Antichrist » un visa d’exploitation interdisant sa représentation publique aux mineurs de seize ans.
● L’association Promouvoir a demandé au tribunal administratif de Paris d’annuler pour excès de pouvoir la décision en date du 3 août 2012 par laquelle la ministre de la culture et de la communication a accordé un visa d’exploitation cinématographique au film intitulé « Antichrist » assorti d’une interdiction de représentation publique aux mineurs de moins de seize ans.
Par un jugement du 16 juillet 2014, le tribunal administratif de Paris a rejeté la demande que lui avait présentée l’association Promouvoir.
● Par un arrêt du 2 février 2016, la cour administrative d'appel de Paris a, sur appel de l’association Promouvoir, annulé ce jugement et la décision délivrant le visa d’exploitation litigieux.
● La ministre de la culture et de la communication demande au Conseil d’Etat :
1/ En premier lieu. D’annuler cet arrêt ;
2/ En deuxième lieu. De rejeter l’appel de l’association Promouvoir.
► Solution du CE :
Le Conseil d’État confirme l’annulation de ce visa d’exploitation prononcée par la cour administrative d’appel de Paris, qui avait estimé que la très grande violence caractérisant plusieurs scènes du film « Antichrist » justifiait l’interdiction de sa représentation aux mineurs de dix-huit ans.
Si les nécessités de la protection de la jeunesse et le respect de la dignité humaine n’impliquaient pas, compte tenu de l’esthétique du film et de son thème, qu’il soit classé X, ces scènes justifiaient néanmoins l’interdiction de représentation du film aux mineurs de 18 ans.
Par suite, le ministre de la culture a entaché d’erreur d’appréciation sa décision d’accorder un visa d’exploitation comportant seulement une interdiction de représentation aux seuls mineurs de 16 ans.
Le Conseil d'État confirme l'annulation du visa d'exploitation du film « Antichrist » : https://t.co/IMH9pwV6JF
— Conseil d'État (@Conseil_Etat) 13 janvier 2017